Lorsqu’un enfant est en danger ou que son éducation semble gravement compromise, le juge des enfants peut intervenir dans le cadre d’une procédure d’assistance éducative. Cette procédure vise à protéger le mineur tout en accompagnant les parents. Mais qui peut saisir le juge ? Quelles mesures peuvent être prises ? Que deviennent les prestations CAF ? Et pourquoi l’assistance d’un avocat est-elle un véritable atout ? Voici un guide complet et à jour.
Sommaire
1.Qui est le juge compétent ?
Le juge des enfants, rattaché au tribunal judiciaire du lieu de résidence du mineur, est compétent pour statuer en matière d’assistance éducative.
Il intervient lorsqu’un mineur est en danger ou risque de l’être, en raison de violences, de carences éducatives, de conflits familiaux graves, ou d’un environnement inadapté.

2.Qui peut saisir le juge des enfants ?
La saisine du juge peut être effectuée par :
les parents ou l’un d’eux,
le tuteur de l’enfant,
le mineur lui-même, s’il est capable de discernement,
le procureur de la République (souvent à la suite d’un signalement ou d’une information préoccupante),
le juge, dans le cadre d’une autre procédure en lien avec le mineur.

3.Existe t-il des mesures d’urgence ?
Oui. En cas de danger immédiat, le procureur de la République peut demander au juge des enfants de prendre des mesures provisoires en urgence, souvent dans un délai de 24 à 48 heures.
- La mesure la plus fréquente est :
L’ordonnance de placement provisoire (OPP), qui permet de retirer temporairement l’enfant de son milieu de vie, sans attendre l’audience contradictoire.
- Le juge peut également ordonner d’urgence :
un placement à domicile avec contrôle éducatif renforcé,
une interdiction de contact entre l’enfant et une personne dangereuse,
une hospitalisation immédiate, si nécessaire.
Ces mesures d’urgence sont provisoires et doivent être réexaminées rapidement au cours d’une audience contradictoire, où les parents peuvent être entendus et assistés d’un avocat.

4.Comment se déroule la procédure ?
Hors urgence, la procédure se déroule en plusieurs étapes :
- Saisine du juge (par un parent, le parquet, etc.)
Le juge peut ordonner :
une enquête sociale,
une mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE),
une convocation à audience avec les parents, les avocats, l’enfant le cas échéant.
- À l’issue de l’audience, le juge peut :
prononcer une mesure d’assistance éducative,
classer l’affaire sans suite, si aucune mesure ne s’impose.

5.Quelles sont les mesures d’assistance éducative possible ?
Le juge peut adapter les mesures à chaque situation :
- Aide éducative en milieu ouvert (AEMO)
L’enfant reste au domicile familial, mais une équipe éducative accompagne les parents dans l’exercice de leur autorité parentale.
- Placement judiciaire
Le juge peut décider que l’enfant soit confié :
à un tiers digne de confiance (souvent un membre de la famille),
à un assistant familial agréé (famille d’accueil),
à un établissement spécialisé (MECS, foyer…),
à l’autre parent, lorsque les parents sont séparés,
ou aux deux parents, même lorsqu’ils vivent ensemble, dans le cadre d’un placement à domicile avec contrôle éducatif. Ce placement judiciaire au sein du foyer permet de maintenir l’enfant dans sa famille tout en encadrant strictement la situation.
- Le juge statue aussi sur les droits de visite et d’hébergement des parents, même en cas de placement :
visites libres,
visites médiatisées dans un lieu neutre,
hébergements partiels,
ou suspension des contacts en cas de danger avéré.
6.Que deviennent les aides de la CAF ?
Lorsque l’enfant fait l’objet d’un placement judiciaire, le juge statue sur le maintien ou non des prestations familiales versées par la CAF :
Il peut décider de transférer tout ou partie des allocations à la personne ou structure chargée de l’enfant.
Il peut aussi en suspendre le versement au parent, si ce dernier ne conserve pas la charge effective du mineur.
Le RSA ou d’autres aides liées à la composition du foyer peuvent être maintenues, selon les situations.
Ce n’est pas la CAF qui décide, mais bien le juge des enfants, dans le cadre de son ordonnance. Il est donc crucial d’être bien informé et représenté pour préserver ses droits.

7.Pourquoi se faire assister d’un avocat ?
L’assistance éducative est une procédure complexe, mêlant enjeux familiaux, éducatifs et juridiques. Être assisté par un avocat change radicalement la donne, car :
Vous êtes informé à chaque étape de vos droits et obligations,
Vous pouvez préparer efficacement l’audience,
Vous êtes en mesure de proposer des solutions concrètes et argumentées (placement familial, reprise de contact, suivi éducatif adapté),
Vous pouvez contester les décisions injustifiées ou disproportionnées,
Vous protégez le lien avec votre enfant, tout en montrant votre implication.
Le recours à un avocat est d’autant plus important que certaines décisions peuvent avoir des effets durables sur la cellule familiale et les aides sociales.
L’aide juridictionnelle peut être accordée pour tout ou partie de la procédure.
